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15 juillet 2014 2 15 /07 /juillet /2014 18:46

La réponse est venue.

Quelqu'un a dit oui, contez-le, contez-moi

Vie Ordinaire conte 

Il était une fois, loin d'ici, loin de là au pays des dragons, de la pluie, des grenouilles, un palais. Il est posé au milieu de la jungle et au bord d'un fleuve. Dans ses jardins la végétation est opulente, fleurie, parfumée. Dans ses appartements il y a un roi et la fille du roi. Il ferait tout pour elle. Elle est si belle. Ses yeux sont si beaux, son teint si clair, ses mains si fines, et ses chevilles..., que dire de ses chevilles. Et s'il n'était que cela. Sachez que depuis sa naissance la jeune princesse montre des dispositions innées. L'apprentissage, quel qu'il soit lui est chose aisée. Calligraphie, mathématique, astronomie, poésie, peinture, musique, chant, tout réussi à Mi N'Guyen. Pour la protéger, car il ne saurait s'en séparer, le roi a fait construire autour du palais un mur infranchissable. Le roi ne se lasse pas d'admirer sa fille. Mais peu à peu grandissant, la belle enfant s'ennuie dans le palais. Chaque matin, elle enfile un pantalon de soie noire et une tunique de soie aux dessins merveilleux, chausse de délicates socques, s'habille, déjeune, et pousse un soupir. Que fera-t-elle de ce nouveau matin ?

Elle se met à la fenêtre et se penche pour admirer la jungle derrière le fleuve, écouter le cri des cacatoés et des colibris, suivre le miroitement des eaux et la fragilité du feuillage des saules pleureurs ainsi que leur ombre qui danse à la surface des eaux, sous les rayons du soleil. Comme hier, comme avant-hier. Comme demain. C'est ainsi qu'un matin une voix la surprend. Un chant montant du fleuve l'émeut.  Son coeur est prêt à s'arrêter de battre. Tout aussitôt elle se demande qui peut bien chanter ainsi de cette façon quasi inhumaine. Une perle transparente glisse sur sa joue.  Elle tend son corps pour avercevoir le ou la propriétaire de la voix envoûtante mais elle ne surprend la présence d'aucun être humain. Elle écoute encore. Elle voudrait que la voix aux inflexions brillantes ne s'arrête pas. Mais soudain la voix s'évanouit. Elle fronce les sourcils. Elle espère le chant suivant. Elle l'attend. C'est en vain. Alors elle retourne à ses encres, http://idata.over-blog.com/0/15/01/89/Divers-photos-pour-articles---partir-du-jour-295/Jour-299/aquarelle-eban-3.jpg

ses papiers et ses pinceaux et dessine un fleuve et ses berges et ses reflets, et l'ombre d'une barque. Pourquoi l'ombre d'une barque. Etait-ce un pêcheur ?

Oui, pourquoi ne serait-il pas pêcheur celui dont la voix l'envoûta ce jour ? Souhaiteriez-vous savoir vous-même, vous qui parfois me lisez ?

Réponse, s'il vous plaît. aquarelle-eban-3.jpg

Fleur des talus de bord de mer

Fleur des talus de bord de mer

Ils sont, cette année, doublés par leurs rivaux, une sorte de haricots rouges qui les poursuit et risquerait bien de gagner en vitalité. Jamais encore elle n'a vu les fleurs de ces derniers. Seront-elles blanches ou rouges ou autres ?

Les queues de belle-mère déversent leurs têtes violettes et vernissées en abondance sur le sol du balcon mais vers l'extérieur. Elle espère les voir tomber en un beau rideau rose violet qui protégera, de la canicule, sa délicieuse voisine du dessous.

Tout en étendant le linge, elle perçoit des voix. Des voix étrangères. Des voix au timbre asiatique. Elle a beau regarder derrière le rideau de verdure elle n'aperçoit rien. D'instinct, elle tend l'oreille. Les voix viennent du sol. Elle balaie le parking d'un regard souple et rapide.

Trouvé. Voilà le corps, plutôt le choeur, des voix. https://www.youtube.com/watch?v=LCjJx9Sg2OI Elle ne peut s'empêcher de sourire à cette extraordinaire facilité qu'ont les femmes vietnamiennes à s'asseoir, non pas sur la bordure du trottoir, mais genoux pliés et sur la pointe des pieds. Elle admire leur souplesse, leur agilité quotidienne. Elles sont trois et leur discours est apparemment réjouissant. Toutes trois sourient.

Elle ne saura jamais de quoi elles parlaient. Mais elle peut imaginer. Pourquoi pas d'un roi, père d'une fille tout à la fois délicieuse et merveilleuse.

Oui, pourquoi ne parleraient-elle pas de ce conte de leur pays qui leur est si familier. Le souhaiteriez-vous vous-même, qui parfois me lisez ?

Réponse, s'il vous plaît.

Le lendemain la belle princesse, vêtue de pantalons noirs et d'une robe de soie aux magnifiques oiseaux tissés d'or court à sa fenêtre. La voix monte dès le premier instant, aussi belle aussi envoûtante que la veille et elle n'a aucun doute. La voix appartient bien à un pêcheur. Cependant elle le devine, plus qu'elle ne le voit, au frémissement de l'eau recevant son filet. La voix change à cet instant là. Mais elle est toujours aussi belle aussi envoûtante; Et la jeune princesse rêve, coude appuyé à la fenêtre et regard rêveur. Comment est-il ? Et de l'imaginer en souriant. Soudain la barque s'éloigne. Elle emporte  avec elle poissons, filets et voix. Toute la journée la princesse rêvera. Et n'aura plus qu'un désir que la nuit passe passe vite. Vite vite que vienne demain. 

Ainsi passent les jours, jusqu'à ce matin où elle a beau se pencher, elle a beau espérer les frémissements de l'eau recevant le filet jeté, la princesse doit bien se rendre à l'évidence, le pêcheur ne vient pas. 

Il ne vient pas ce jour, il ne vient pas le lendemain, il ne vient pas le surlendemain, il ne vient plus. La jeune princesse est chagrine, la jeune princesse pleure, la jeune princesse se fatigue à espérer, la jeune princesse titube, trébuche, tombe, perd l'éclat de son teint, le timbre de sa voix, son père le roi s'inquiète, la voilà affaiblie, si faible qu'elle est obligée de s'aliter. Le roi s'inquiète. Il fait venir auprès d'elle le médecin du palais, les médecins des palais voisins, les guérisseurs. Mais aucune pastille, aucun onguent, aucune sirop aux plantes n'y fait. La pâleur posée sur le visage de la princesse n'est pas prête à se dissiper. 

"Ma fille, mais qu'as-tu, pourquoi te sens-tu ainsi aussi faible, dis-moi, dis-nous ?" la princesse ne répond à aucune des interrogations du roi son père. Elle espère la voix, celle du pêcheur, comment peut-elle parler, à son père le roi, du rendez-vous ?

Heureusement le lendemain matin alors qu'on la vêt, tant elle est affaiblie, la jeune princesse sent son coeur s'émouvoir. Il tremble. Elle demande qu'on la laisse seule, elle se précipite à la fenêtre, elle se penche autant qu'elle peut et le sourire revient à ses lèvres. Là-bas, derrière le saule pleureur, elle devine la barque. Enfin, le pêcheur est revenu.

 

C'est bien sa voix, son chant. Appuyé sur le coude la jeune princesse reprend goût à la vie. Et comme il quitte le fleuve, comme la voix s'éloigne elle garde en elle l'espoir de le retrouver demain matin. Comme il est merveilleux ce rendez-vous ? Vite vite que passe le jour, vite vite que passe la nuit.

Sera-t-il au rendez-vous ? 

Souhaitez-vous le connaître ? Il suffit que vous me le demandiez, alors. à tantôt, pour lire vos mots. 

La jeune princesse est de nouveau heureuse. D'une journée à l'autre la nuit la tourmente ou la nourrit. Elle rêve de celui qui l'enchante, elle rêve de la voix envoûtante, elle rêve qu'il est déjà l'heure;. Et il est l'heure et la fébrilité lui revient. Et le coude sur le rebord de la fenêtre elle voudrait que les branches du saule pleureur se relèvent.  Son père le roi est heureux "Comme tu es belle ma fille" lui dit-il à chaque repas qui les réunit.

Mais voilà qu'un matin

un matin le coude appuyé sur le rebord de la fenêtre, le fameux chapeau conique tout fait de paille de riz protégeant son visage des dangers du soleil, la jeune princesse a beau tendre l'oreille elle n'entend rien ; ni même elle perçoit le lancer du filet aux reflets ondoyants. La surface des eaux est muette. La princesse espère. Mais elle craint. Devant la suprenante évidence, elle capitule.  Et s'alite. 

Le lendemain matin la fiève augmente, mais le pêcheur est toujours absent.

Le surlendemain, la jeune princesse délire; Le roi son père lui parle, iniste, encore. Dans son trouble la jeune princesse parle. A haute voix. Et le roi ordonne à ses gardes

"Seul le retour du pêcheur guérira ma fille, allez le chercher !"

C'est un ordre. Les gardes s'éloignent. Et de village en village bientôt un enfant qu'ils croisent et interrogent leur parle de Chen, le pêcheur-chanteur. "Il habite par delà le fleuve" dit l'enfant en tendant le doigt, "oui dans le premier village" 

Peu de temps plus tard, les gardes ramènent au palais un pêcheur tout étonné d'interrompre sa sies dans le hamac pour se rendre au palais "au palais royal ?"

Dans la grande salle du palais le roi lui a demandé de chanter. Dans le couloir qui mène au palais, des pas glissent. Ceux qui déplacent la jeune princesse afin qu'elle entende la voix; Son coeur fragile bat la chamade; Ses joues rosissent. Enfin elle va le voir.

Quand 'équipage passe la porte, quand l'équipage s'arrête, le chanteur tourne la tête et la jeune princesse retient un cri de surprise. La voix merveilleuse, la voix envoûtante appartient à un homme plus ridé qu'une coque de noix. Plus âgé que le roi son père. Elle fait un signe aux serviteurs "Ramenez-moi" dit-elle. Et les serviteurs ramènent la princesse dans ses appartements. Et les gardes ramènent le chanteur aux portes du palais. 

Que va-t-il faire, le vieil homme à la voix envoûtante ?

Si vous voulez savoir, vous qui passez par là, Il suffit que vous me le demandiez, alors. à tantôt, pour lire vos mots. 

 

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